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jeudi 21 mai 2009

Explosive breeding



Un jour de l'an un peu particulier…

Nous sommes le 31 décembre 2003, il est minuit passé. Ici, c'est le "grand jour", ou plutôt "la grande nuit". Nous avons choisis de passer le jour de l'an dans un carbet en forêt ; et grand bien nous en a pris. Cette nuit, nous aurons le privilège d'assister à de superbes "Explosive breeding" qui se tiennent en simultané sur plusieurs mares temporaires de la Montagne de Kaw.
Mais les conditions sont un peu particulières, en raison de l'arrivée chaotique, cette année, de la saison des pluies : pleuvra, pleuvra pas ? De quoi déconcerter l'instinct reproducteur des amphibiens ; une première reproduction explosive a eu lieu à mi-décembre. Mais les pluies s'arrêtant, les pontes ont très certainement été perdues. Alors dès qu'il se remet suffisamment à pleuvoir, c'est de nouveau la folie chez les batraciens.
Mais le plus étonnant fut ce que nous avons observé le lendemain matin : fait assez rarissime, deux espèces de grenouilles (Dendropsophus minutus – en jaune – et Chiasmochleis shudikarensis – en marron) sont encore là en masse sur une minuscule partie de l'une des mares, où le niveau d'eau était tellement insuffisant que seul un fond de cuvette était inondé. Et le spectacle de concentration de plusieurs centaines d'individus est absolument indescriptible.
Quelques heures plus tard, la mare a retrouvée son calme et plus aucune grenouille n'était visible !

Dossier Saint-Hubert - 9

Les acteurs impliqués…

Le Smager
Le Syndicat Mixte d’Aménagement et de Gestion des Etangs et Rigoles (Smager) est un organisme public qui regroupe, dans le département des Yvelines, neuf communes : Auffargis, Les Bréviaires, Coignières, Les Essarts-le-Roi, Le Mesnil-Saint-Denis, Le Perray-en-Yvelines, Saint-Léger-en-Yvelines, La Verrière et Vieille-Église-en-Yvelines, ainsi que la base de loisirs de Saint-Quentin-en-Yvelines.
Ce syndicat gère un réseau de rigoles et d’étangs qui appartenaient autrefois au système d’approvisionnement en eau du parc de Versailles. Le Smager, outre la gestion financière et technique de cet ensemble, a pour mission la réhabilitation du réseau d’étangs et rigoles et son entretien, le maintien de l’amélioration des usages qui en sont faits et la préservation
de l’environnement et des loisirs qu’il favorise.

L'association naturaliste : le CERF
Créé en 1979, le CERF - Centre d’études de Rambouillet et de sa forêt, a pour but de favoriser dans un cadre d’éducation populaire, la connaissance du milieu naturel au travers des instances pédagogiques de la région. Il participe avec toutes les associations, organismes ou personnes poursuivant les mêmes buts, à la conservation, l’inventaire faunistique et floristique et l’étude écologique de la région de Rambouillet. Il aide à établir des documents permettant d’en situer les éléments essentiels et d’en suivre l’évolution. Il porte également à la connaissance des pouvoirs publics et des administrés l’existence de ces richesses naturelles et leur fait prendre conscience de la nécessité absolue de les préserver...
Concernant les Etangs de Saint-Hubert, le Cerf, étudie la diversité biologique des étangs. Il inventorie, surveille et valorise auprès du public une diversité floristique et faunistique parfois fragile voire en danger. Dans ce contexte, le CERF travaille pour inscrire ce site comme réserve naturelle, au même titre que les étangs de Saint-Quentin, appartenant d’ailleurs au même réseau hydrographique. Un collectif d'associations a été créé à cet effet.


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Dossier thématique réalisé collégialement par :
Léonce Carré • Gaëlle Vandersarren • Philippe Macquet

Dossier Saint-Hubert - 8

Fleur non déterminée qui profite d'un couché de soleil…


La Flore de Saint-Hubert


Les Étangs de Saint-Hubert possèdent une flore riche et variée, que ce soit dans l’eau (espèces hydrophytes) ou sur les berges (espèces hélophytes). Parmi les végétaux typiques des petites étendues d’eau, citons : la Massette (Typha sp), le Roseau (Phragmites australis), le Plantain d’eau (Alisma plantago-aquatica), la Scirpe (Scirpus sp) et le Jonc (Juncus sp).

Mais, mis à part ces espèces que l'on peut qualifier de « classiques », le site de Saint-Hubert peut se "vanter" de posséder quelques espèces dites remarquables. En cause : ses eaux légèrement acides. En effet, cette acidité va être à l’origine d’une composition particulière de la végétation. Cette spécificité a permis de classer ces étangs parmi les « habitats prioritaires » de la directive Habitat du réseau Européen Natura 2000.

Cette distinction permet d’attribuer à ces espèces végétales « remarquables » une protection au niveau régional :
  • l’élatine à six étamines (Elatine hexandra)
  • le carvi verticillé (Carum verticillatum)
  • la littorelle lacustre (Littorella uniflora)
  • la lobélie brûlante (Lobelia urens)
  • le bident ramifié (Bidens tripartita)
  • le rhynchospore brun (Rhynchospora fusca)
  • le paturin des marais (Poa palustris)
  • le vulpin fauve (Alopecurus aequalis)
Voire même une protection à l’échelle nationale pour l’une d’entre elles :
  • la Petite fougère (Pilularia globulifera).

La forêt de Rambouillet qui jouxte les étangs

N’oublions pas également de citer les nombreuses espèces arbustives qui dissimulent les étangs au creux de leurs racines : Charmes (Carpinus sp), Chênes (Quercus sp), Aubépines (Crataegus sp), Châtaigners (Castanea sativa)…


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Dossier thématique réalisé collégialement par :
Léonce Carré • Gaëlle Vandersarren • Philippe Macquet

Dossier Saint-Hubert - 7

Araignée non déterminée


Les Arthropodes de Saint-Hubert

Bien que tous ne soient pas encore répertoriés, loin s'en faut (inventaires en cours), les Insectes et Arachnides présents dans les étangs de Saint-Hubert sont nombreux et variés. À titre d’exemple, citons quelques espèces photographiées au cours de balades sur le site que vous pourrez retrouver illustrés :

Arachnides
  • Xysticus sp ;
  • Cyclosa conica ;
  • Pisaura mirabilis ;
  • Pardosa sp.
Les Papillons
  • Alabonia geoffrela ;
  • Pseudopanthera macularia ;
  • Polygonia-C-album ;
Quelques autres insectes divers et variés pris au hasard :
  • Chrysoperla carnea ;
  • Curculio sp ;
  • Sialis sp ;
  • Cercopis vulnerata.

Citons également deux papillons menacés à l’échelon régional : Archanara dissoluta et Eustrotia uncula. Ces lépidoptères font partie de la Famille des Noctuidae, dont les chenilles, pour la plupart phytophages, sont souvent considérées comme ravageuses. Ils n’en restent pas moins vulnérables, et leur sauvegarde est donc primordiale.


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Dossier thématique réalisé collégialement par :
Léonce Carré • Gaëlle Vandersarren • Philippe Macquet

Dossier Saint-Hubert - 6

Grenouille verte (Pelophylax kl. esculentus) en
pleine séance de chant



Les Amphibiens de Saint-Hubert

Ces étangs abritent de nombreux batraciens. Douze espèces ont été recensées, dont le Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans) et la Salamandre tachetée (Salamandra salamandra). Il est également à noter la présence remarquable des cinq espèces de tritons français (il est en effet assez rare de pouvoir observer dans un même lieu ces différents Urodèles) :
  • le Triton alpestre (Mesotriton alpestris)
  • le Triton crêté (Triturus cristatus)
  • le Triton palmé (Triturus helveticus)
  • le Triton marbré (Triturus marmoratus)
  • le Triton ponctué (Triturus vulgaris)
Au moment de la saison des amours, les chants de séduction des grenouilles et des crapauds se font entendre dès la tombée de la nuit. Ce rassemblement d’amphibiens offre un spectacle à la fois étonnant et émouvant.


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Léonce Carré • Gaëlle Vandersarren • Philippe Macquet

Dossier Saint-Hubert - 5

Sanglier (Sus scrofa) circulant dans un champs avoisinant les Etangs


Les Mammifères de Saint-Hubert

L’eau étant un besoin vital, les mammifères sont également nombreux à venir s’abreuver dans ces étangs. Il n’est alors pas rare d’observer cerfs et biches (Cervus elaphus) sur les berges au petit matin ou, au contraire, à la tombée de la nuit, de petits carnivores tapis dans les fourrés (Renards roux - Vulpes vulpes, Belettes - Mustela nivalis, Martre des Pins - Martes martes…) à la recherche d’une proie ou encore plusieures espèces de Chauves-souris (telles la Pipistrelle commune - Pipistrellus pipistrellus ; le Grand murin - Myotis myotis…) survolant l’étang le soir venu pour y chasser une multitude d’insectes aquatiques. Sans oublier les sangliers (Sus scrofa) qui, parcourant les champs et les forêts avoisinants, viennent souvent faire une halte à l’étang ou traversent les champs environnants.


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Léonce Carré • Gaëlle Vandersarren • Philippe Macquet

Dossier Saint-Hubert - 4

Cygne tuberculé (Cygnus olor) en train de se nourrir


Les oiseaux de Saint-Hubert

Ce site se distingue par la diversité de son avifaune aquatique. Il est vrai que des étangs d’une telle superficie et dotés d’une végétation aussi riche sont le lieu idéal pour bon nombre d’oiseaux. Certaines espèces sont inféodées à ce type de milieu humide et vont y résider toute l’année, alors que pour d’autres, il s’agit simplement d’un site de nidification ou d’une halte lors d’un passage migratoire. Parmi la diversité des espèces d'oiseaux présentes sur le site, plusieurs attirent tout particulièrement l’attention des ornithologues. Citons, par exemple :
  • le Blongios nain (Ixobrychus minutus) ;
  • le Fuligule milouin (Aythya ferina) ;
  • le Canard souchet (Anas clypeata) ;
  • le Grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis)
  • le Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus) ;
  • la Locustelle tachetée (Locustella naevia) ;
  • la Rousserolle turdoïde (Acrocephalus arundinaceus) ;
  • la Grande Aigrette (Ardea alba) ;
  • le Héron pourpre (Ardea purpurea).
Cette liste bien qu'incomplète, ne peut faire l'économie d'évoquer la présence remarquable de certains rapaces, tels que :
  • le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus), espèce particulièrement rare en Ile-de-France, visible lors des passages migratoires soit en mars-avril (passage prénuptial), soit en août-septembre (au cours de son retour hivernal à destination de l'Afrique) ;
  • le Busard des Roseaux (Circus aeruginosus) ;
  • le Buzard Saint-Martin (Circus cyaneus) ;
  • le très rare Aigle botté (Hieraaetus pennatus), autrefois commun sous nos latitudes ;
  • etc…
…et bien d’autres encore, dont beaucoup ont en commun le triste privilège de faire partie de la « liste rouge des espèces menacées » en France. C’est pourquoi, pour protéger ces espèces, il est avant tout primordial de préserver leur habitat, ici les étangs.

Grêbe huppé (Podiceps cristatus), en plumage nuptial

Mais, outre ces espèces quelques peu « particulières », il ne faut pas oublier les autres, certes plus communes, mais néanmoins intéressantes et dont les comportements sont toujours agréables à observer.



Citons comme exemple, parmi bon nombre d'autres espèces :
  • le Grand Cormorans (Phallacrocorax carbo)
  • le Canard Colvert (Anas platyrhynchos) ;
  • le Grèbes huppés (Podiceps cristatus) ;
  • le Foulques macroules (Fulica atra) ;
  • le Cygne tuberculé (Cygnus olor) ;
  • le Vanneaux huppés (Vanellus vanellus) ;
  • la Mouettes rieuses (Larus ridibundus) ;
  • le Martin pêcheur d’Europe (Alcedo atthis) ;
  • la Bernache du Canada (Branta canadensis), oie originaire d'Amérique du Nord, actuellement en expansion en Europe ;
  • le Hérons cendrés (Ardea cinerea) ;
  • Le Martinet noir (Apus apus)…

Femelle de Canard Colvert (Anas platyrhynchos)

Au cours des différents inventaires et suivis annuels, réalisés par bon nombre de passionnés amateurs ou spécialistes, ce sont au total plus de 230 espèces résidentes qui ont été dénombrées sur ce site, et plus de 400 lors des périodes de migrations (sur les presque 600 espèces que l'on peut observer dans toute la France !).




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Dossier thématique réalisé collégialement par :
Léonce Carré • Gaëlle Vandersarren • Philippe Macquet

Dossier Saint-Hubert - 3

Le vol déguingandé d'un Héron cendré (Ardea cinerea)


Les Espèces remarquables

Une faune et une flore, typique des étangs, des zones cultivées et des forêts caducifoliées est visible depuis les étangs et les chemins avoisinants. Une promenade en forêt ou au bord de l’eau est toujours l’occasion de rencontrer des espèces relativement communes qu'ils soient oiseaux, mammifères, amphibiens et autres invertébrés, ou de déambuler à loisirs à la découverte de la Flore.
Mais les étangs présentent aussi une faune plus particulière, plus rare, ou plus fragile, parfois difficile à observer pour un œil peu aguerri. Quant à la flore, elle n’est pas en reste, certaines espèces sont en effet spécifiques de ces étangs légèrement acides. Ornithologues chevronnés, naturalistes en herbe et passionnés de botanique trouvent en ce lieu une matière abondante pour satisfaire leur curiosité.

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Dossier Saint-Hubert - 2

Pont Napoléon


Panorama historique

Louis XIV affectionnait particulièrement ses jardins à Versailles. Il ne reculait pas face aux défis pour proposer à sa cour et à ses invités un spectacle aquatique de premier ordre. Dans cette optique, il ordonna la création d’un réseau hydraulique complexe capable d’alimenter l’ensemble des jets d’eaux du parc simultanément. Plusieurs étapes se sont succédé avant de parvenir à un système satisfaisant qui dura près de trois siècles. La première consistait à puiser l’eau dans l’ancien étang de Clagny, proche du château, au moyen de moulins à vents et de manèges à chevaux.

Mais cette solution s’avéra insuffisante…
Sous la direction de Colbert, les ingénieurs mirent en place un système de drainage des eaux de pluie du plateau de Saclay. Parallèlement, ils prélevèrent les eaux de la Bièvre qu’ils acheminèrent vers le réservoir de Satory par des moulins à godets.

Mais cette solution s’avéra encore insuffisante…
Deux autres solutions viables furent élaborées : le pompage de l’eau de la Seine grâce à la machine de Marly, à Bougival, et le drainage des eaux de pluie des plateaux environnants de Versailles. Le plateau de Trappes fut le premier drainé. Les eaux étaient retenues dans l’étang de Trappes, devenu aujourd'hui l’étang de Saint-Quentin-en-Yvelines, et ceux de Bois d’Arcy et de Bois Robert aujourd’hui disparus. Les eaux étaient acheminées vers le réservoir de Gobert par l’aqueduc de Trappes.
Techniquement, ce système était satisfaisant, mais il ne permettait pas de couvrir les besoins gargantuesques des jardins du Roi-Soleil. Colbert puis Vauban l’étendirent pour donner un système d’étangs, dit inférieurs. Il comprenait les retenues de Saclay, toujours présente, d’Orsigny et du Trou Salé, aujourd’hui disparues. Les eaux recueillies étaient acheminées au réservoir de Gobert par l’aqueduc de Buc (l’un des plus beaux édifices du réseau). Ces ouvrages furent réalisés entre 1680 et 1685.
Parallèlement, un second système, dit des étangs supérieurs, fut développé à partir de 1683. Les étangs de Saint-Hubert furent creusés dans ce contexte. Ils appartenaient à un réseau composé des étangs de la Tour, de ceux du Perray, des retenues des Hautes-Bruyères, de Coignères et des Essarts. À cela s’ajoutait le drainage des eaux de l’ensemble du plateau qui étaient recueillies dans une rigole principale, le Grand-Lit-de-Rivière. Les étangs supérieurs alimentaient les réservoirs de Montbauron.
À la fin des travaux, ce réseau était constitué de quinze étangs, huit retenues, soixante-dix kilomètres de rigoles, trente-quatre kilomètres de Grand-Lit-de-Rivière (dont les deux tiers en aqueduc). Suivant les besoins du parc du château, ces eaux stockées étaient déversées dans le Grand-Lit-de-Rivière pour rejoindre les réservoirs par gravitation.


Mais cette solution s’avéra toujours insuffisante…


Le roi envisagea alors de détourner les eaux de l’Eure. Ce chantier nécessitait la réalisation de quatre-vingt trois kilomètres de canaux et ne vit jamais le jour du fait de la guerre et du manque de crédit.


Ancien Pavillon de chasse que Napoléon fit construire


Aujourd’hui, ces étangs n’alimentent plus le parc de Versailles, mais les étangs supérieurs, toujours fonctionnels, sont gérés par le syndicat mixte d’aménagement et de gestions des étangs et rigoles (Smager) et contribuent à l’assainissement de zones naturellement marécageuses et insalubres. Ils favorisent ainsi la culture. La connexion aval, située entre l’étang de Saint-Quentin et Versailles, est désormais hors service, l’aqueduc de Trappes ayant été partiellement détruit dans les années 1970 lors de l’urbanisation de Saint-Quentin-en-Yvelines.

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Léonce Carré • Gaëlle Vandersarren • Philippe Macquet