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lundi 4 mai 2009

Manacus manacus


La séduction vue comme un jeu…

Cette charmante petite boule de plume est un Manaquin casse-noisette (Manacus manacus).
Il s’agit d’un mâle que l’on reconnaît aisément à sa gorge blanche, les femelles étant d’une couleur uniforme vert olive. Son aspect attrayant permet au mâle de séduire et d’attirer les femelles. Et pour cette espèce, la parade est un peu particulière.
En effet, les mâles se regroupent sur un territoire et forme ce qu’on appelle un « lek ». Au sein de cette formation, chacun à une place bien définie qu’il doit défendre. Mais les places centrales sont les plus prisées car les plus appréciées par les femelles. En suédois, « leka » signifie « jouer ». Alors Messieurs, en place, que le jeu de séduction commence !

Oxybelis aeneus


Qui m'appelle ???

Aurait-on dérangé ce serpent pour qu'il nous fasse ses gros yeux ? Sortant juste la tête de sa cachette, il semble nous dire oust ! Laissez-moi un peu de tranquillité !

Importuné ou ayant décelé notre présence, Oxybelis aeneus se prépare à sortir sa langue bifide pour nous "sentir" afin de mieux identifier à qui il a affaire. Très peu agressif, il peut cependant en de très rare cas attaquer mais sa morsure n'est pas véritablement dangereuse pour l'homme car étant Opistoglyphe, ses crochets venimeux sont bien en arrière de la bouche, et donc le venin est assez difficile à inoculer chez l'homme.

En réalité, ce Serpent liane (ou "horse whip" qui signifie cravache), appelé ainsi à cause de son aspect filiforme et par son mode de vie semi-arboricole, dispose d'un venin qui lui sert à capturer grenouilles, lézards et oiseaux plutôt qu'à agresser le genre humain.

Oxybelis aeneus


Jeu de camouflage…

Attention vous avez 10 secondes pour trouver quel animal se cache sur cette photo… Trouvé ? Félicitation car le camouflage et la discrétion de cet Oxybelis aeneus sont particulièrement efficaces, bien qu’ils ne vous aient pas trompé.
Mais serez-vous aussi bon in situ pour dénicher ce Serpent liane ? Là, c'est peut-être une autre histoire. Immobile dans la végétation, il est particulièrement difficile à repérer. Pour nous, mais également pour ses futures victimes qui lui serviront de repas !

Ocypode sp


Un crabe nommé... Casper !

Jouant à cache-cache dans le sable, cet animal tente de passer inaperçu. Il s'agit d'un crabe, et plus précisément d’un Crabe fantôme (du Genre Ocypode)... Mais rassurez-vous, ce crustacé ne viendra pas la nuit hanter vos maisons, recouvert d'un drap blanc ! Plus sérieusement, ce surnom lui a été donné en raison de la rapidité avec laquelle il disparaît. Une seconde d'inattention et le voilà déjà enfouit sous le sable.
Il est aussi prompt à se sauver qu'à apparaître... pour le plus grand malheur de ses victimes. Dissimulé dans le sable, seuls ses yeux trahissent sa présence. À l'affût, il attend que passent crevettes et autres petits poissons qui agrémenteront son repas. D'une rapidité surprenante, il sort alors de sa cachette et les saisit fermement à l'aide de ses pinces puissantes. Le danger surgit souvent d'endroit inattendu !

Phrynops gibbus


Surprise…

Vu les gros yeux qu'elle nous fait, cette tortue ne pensait pas croiser notre chemin ! Il est vrai que cette Phrynops gibbus est particulièrement difficile à observer. Très craintive, cette tortue d'eau douce mène une vie crépusculaire et ne prend jamais de bain de soleil, contrairement à la plupart des autres espèces Guyanaises.
Il faut donc attendre que tombe la nuit pour avoir la chance de la voir. Mais si on la dérange un peu trop, elle va tenter de se défendre en émettant une odeur nauséabonde. Elle est néanmoins très vive et peut prendre « rapidement » la fuite.
Cette Platémyde bossue fait partie du sous-ordre des Pleurodires, c'est-à-dire des tortues qui – au lieu de rentrer leur tête verticalement dans la carapace – doivent faire un « s » avec leur cou afin de positionner leur tête sur le côté. Pas facile de se débrouiller quand on a un cou tellement démesuré !

Plica plica


Pour vivre heureux, vivons cryptique…

Pour apercevoir une Tropidure plissée, il faut scruter attentivement les troncs. En effet, agrippé au fût d'un arbre, Plica plica semble incrusté dans ce dernier. Son corps, moucheté de vert et de marron, rappelle l'écorce et le lichen.
Arboricole, il passe inaperçu aux yeux des insectes dont il fait son repas. On dit alors qu'il est cryptique. Outre cette capacité d'homochromie, la rapidité est également un atout que possède ce lézard. En cas d'attaque contre lui, ce Plica fait en effet preuve d'une agilité étonnante qui le rend difficilement saisissable.

Proscopia scabra


Un animal en forme de végétal, ou l'inverse ?

Joli phasme serait-on tenté de dire… Il est vrai que cet insecte, pour le moins étonnant, ressemble à s'y méprendre à ces fausses brindilles. En réalité, il s'agit d'un Criquet, bien loin de l'image que l'on se fait de ces insectes trapus, sauteurs et à antennes courtes.
Ce Proscopia scabra est pourtant doté d'une longue paire de pattes sauteuses lui permettant d'effectuer des bonds de plus d'un mètre. Ce Criquet-phasme, ou Criquet à tête de cheval en raison de leur aspect chevalin, sont « aptères », c'est-à-dire dépourvus d'ailes. Leur physique leur permet de se fondre parfaitement dans la végétation dont ils se nourrissent et de se protéger de prédateurs mal intentionnés.
Contrairement aux phasmes, ils ne sont pas inféodés à un seul type de plante, mais sont "polyphages" et consomment donc diverses essences végétales. Si vous avez la chance de faire un tour du côté de la Guyane française, ouvrez l'œil, vous apercevrez peut-être ces étranges créatures pour le moins surprenantes.

Pepsis sp


Guêpe tueuse…

Pepsis… Voilà un nom qui a de quoi faire trembler la plus imposante des Mygales ! Bien entendu, on ne parle pas ici d’une célèbre boisson gazeuse, mais d’un insecte de l’ordre des Hyménoptères. Cette jolie guêpe aux couleurs métalliques est en effet une redoutable chasseuse de mygale.
Dotée d’un extraordinaire odorat et se faufilant dans les terriers, la femelle Pepsis s’attaque à sa proie en lui inoculant un venin paralysant. L’araignée, condamnée à une immobilité temporaire, ne lui sert pas de repas, mais plutôt d’hôte pour son œuf. Elle va le déposer directement sur l’araignée et celui-ci va se développer au détriment de cette dernière, la dévorant lentement au cours de son développement, tout en préservant les parties vitales pour que son garde-manger se conserve le plus longtemps possible.

Pepsis sp


Terrassé, mais encore parfaitement en vie !

Si les paris avaient été lancés, la côte aurait sûrement été de 100 contre 1 pour cet hyménoptère. En effet, qui aurait cru que cet insecte, à l'aspect somme toute naïf, serait le « méchant » dans l'histoire ?
Cette Mygale, héroïne de bon nombre de film d'horreur, s'est fait piéger par cette guêpe du Genre Pepsis. Cette dernière, à la recherche d'un hôte pour y déposer son œuf, parcourt les terriers. Lorsqu'elle en trouve un qui est habité, elle entre à l'intérieur et se fait passer pour une proie prise au piège. La mygale se jette dessus pour l'attraper et, brusque retournement de situation, la Pepsi la pique avec son venin paralysant.
Une fois l'araignée immobilisée, elle peut tranquillement vaquer à son occupation favorite : pondre son œuf sur sa victime. Malheur pour cette dernière, la paralysie ne l'empêche pas de rester en vie et c'est vivante qu'elle servira de repas à la larve durant toutes les phases de son développement !

Rhinoclemmys punctularia


Des mœurs qui changent selon les individus !

Sur les 15 espèces de tortues que compte la Guyane française, 8 sont dites semi-quatiques, c'est-à-dire qu'on les retrouve aussi bien sur terre que dans l'eau. Une des plus fréquemment rencontrée est la Rhinoclemmyde ponctuée (Rhinoclemmys punctularia).
D'une taille avoisinant les 25 cm, elle est aisément reconnaissable aux taches rouge sang qui ornent sa tête. Peu farouche, elle se laisse facilement observer lors de ses bains de soleil le long des fleuves. Petite caractéristique étonnante : bien que cette espèce soit semi-aquatique, certains individus ont tendance à être plutôt terrestres alors que d'autres sont bien plus fortement aquatiques. Ces différences de comportement et d'environnement influent légèrement sur leur physique : les tortues vivant dans l'eau ont une carapace incrustée d'algues alors que celles vivant au sein même de la forêt se voient envahies de tiques ! Eh oui, à chacun son hôte.

Scinax cruentomus


Trop de précipitation engendre parfois quelques bévues…

Petit à petit, les couples commencent à se former lors de cette "Explosive breeding". Les mâles, énervés, tentent de monter sur les femelles, et parfois même sur d’autres mâles. En effet, leur excitation les induit souvent en erreur. Il arrive même qu’ils se trompent de partenaire et choisissent une grenouille d’une autre espèce que la leur. Ce genre d’association n’aboutit évidemment à aucune ponte.
Mais ce n’est pas le cas de ce mâle Scinax cruentomus qui a su trouver la bonne femelle ! Ils se trouvent tous deux ici en position d'amplexus, qui sert à stimuler la ponte. Le moment venu, le couple ira faire « trempette » dans la mare et le mâle fécondera les œufs au moment précis où la femelle procédera à la ponte.

Theraphosa blondi


Une réputation bien exagérée…

Un frisson vous parcourt lorsque vous regardez cette photo ? Il est vrai que Theraphosa blondi est particulièrement impressionnante. Avec ses 25 cm de diamètre, cette Theraphosa fait partie des plus grandes espèces de mygales jamais découvertes à ce jour.
D'ailleurs, la crainte qu'elle inspire aux gens fait qu'elle est souvent utilisée comme monstre dans certains films d'horreur. Une bien mauvaise publicité pour cette araignée qui, à moins que vous ne la taquiniez un peu trop, ne vous fera aucun mal. Méfiance tout de même car elle a la capacité de lancer du poils urticants pour préserver sa tranquillité. En dernier ressort, elle saura aussi mordre au cas où vous persisteriez à la taquiner ou à l'approcher d'un peu trop près.

Tityus cambridgei


Un bon conseil… Soyez prudent !

Il existe en Guyane deux Genres de scorpions : Bothriochactas et Tityus. Si les deux sont venimeux, seul le second représente un réel danger pour l’Homme, même si l’on n’en meurt pas.
Tityus cambridgei est sûrement l’une des espèces les plus redoutée du pays. Ce scorpion vit sur l’écorce des arbres où son corps aplati et sombre le rend quasiment invisible.
Alors attention lorsque la nuit tombe de ne pas poser la main dessus par inadvertance. Ses pinces, étonnamment fines pour un scorpion, prouvent qu’il ne s’en sert pas pour se défendre. Son puissant venin lui suffit.
Sans tomber dans la paranoïa, il est vrai qu’il faut se montrer prudent avec ce genre d’animal. Douleurs lancinantes, maux de tête et nausées sont souvent les seuls symptômes apparaissant après une piqûre. Mais les conséquences peuvent être plus sérieuses chez un enfant ou une personne fragile.

Trachycephalus coriaceus


On ne se voit qu'une fois l'an…

Trachycephalus coriaceus
- La Rainette coriace (anciennement classée dans le Genre Phrynohyas) photographiée lors d'un amplexus au moment d'une "Explosive breeding".
Contrairement aux Dendropsophus minutus et aux Chiasmocleis shudikarensis, qui viennent en masse lors de cet événement annuel, ce ne sont quelques dizaines d'individus qui se sont également invités à la soirée.
En dehors de leur mode de reproduction, on ne connaît pour ainsi dire rien de leur mode de vie car cette espèce, qui vit dans la litière forestière, est peu observée le reste de l'année tellement ses mœurs sont discrètes.

Trachycephalus hadroceps


Au menu aujourd'hui : encore des œufs…

Il existe des grenouilles qui n'ont pas le vertige ! En effet, certaines espèces, telle Trachycephalus hadroceps, se sont affranchies du milieu aquatique pour coloniser des milieux plus improbables, comme la cime des arbres.
Des cavités dans le bois constituent des endroits parfaits pour se reproduire et y élever de jeunes têtards. Parfois ces grenouilles trouvent refuge à une hauteur dépassant les 40 mètres. Quant à l'apport de nourriture pour ses petits, cette Rainette métronome (nom en lien avec la sonorité de son chant) a remédié au problème en trouvant un stratagème plus que surprenant : le développement des têtards est assuré par un apport en nourriture un peu particulier, composé exclusivement d'œufs infertiles. Pour ce faire, la femelle s'immerge dans l'eau avec les petits et ces derniers exercent des pressions sur son corps tel le mâle pendant la position d'amplexus. Au bout d'un moment, la femelle, stimulée, finit par pondre ses œufs qui seront avalés goulûment par ses têtards affamés.

Tonatia sp


Une réputation à faire frémir !

Morts-vivants, vampires... Les chauves-souris endossent de nombreuses identités, toutes sinistres et peu rassurantes ! Porté à l'écran dans les célèbres films de Dracula, on ne voit pas dans cet animal le petit insectivore inoffensif qu'il est, mais plutôt la bête maléfique assoiffée de sang.
Ses mœurs nocturnes et son étrange allure ont fait croire aux populations d'antan que la chauve-souris possédait d'obscurs pouvoirs. Pour la Chrétienté, elle était considérée comme une manifestation impure. C'est pourquoi les chauves-souris ont longtemps été persécutées. Au Moyen-Âge, on croyait lutter contre le mauvais sort et les sorciers, en les clouant aux portes.
Alors que sur d'autres continents, comme en Asie, elles présagent le bonheur et éloignent la malchance. Points de vue pour le moins très contradictoires !

Le concept de biodiversité




« BIODIVERSITÉ »
Les enjeux qui se cachent derrière ce néologisme

Article collectif - Association Aye-Aye environnement

Résumé
Historiquement, la notion de diversité biologique forgée par les scientifiques fut d’abord synonyme de diversité des espèces. Elle trouve une portée plus large avec la préparation du « Sommet de la Terre », en 1992, à Rio de Janeiro.
Le contexte politique, économique et social – par la mobilisation qu’a entraîné ce sommet mondial – est tel que le concept de biodiversité se mue rapidement en un problème d’environnement global.
De la vision de « quelques » espèces localement menacées, on est passé à l’idée d’une crise écologique planétaire, laquelle peut générer une possible disparition massive d’espèces. C’est ainsi que l’on prépare, dans l’urgence, une Convention internationale sur la Diversité Biologique (CBD), qui sera finalement signée par 157 pays à la fin de la Conférence.
C’est donc au cours de cette décennie que le terme a pris une portée nouvelle et s’est trouvé, outre sa dimension écologique, élargi à d’autres enjeux.

1. Du nombre des espèces au concept de « biodiversité »
La compréhension de notre environnement proche a depuis toujours questionné l’humanité : pour des raisons liées à la survie et au développement des sociétés mais également pour des raisons spirituelles ou métaphysiques.
Depuis lors, de multiples perceptions se sont succédées, faisant passer les croyances liées à des phénomènes naturels à une compréhension scientifique du monde environnant.
Du point de vue de l’histoire des sciences, en Occident, Aristote (384-322 av. JC) fut le véritable « inventeur » des sciences naturelles. Et ses écrits demeureront inégalés pendant des siècles. Occultés, ils feront souvent place à l’obscurantisme et aux superstitions les plus fantaisistes ; redécouvertes par l’intermédiaire de manuscrits arabes, ils contribueront à l’émergence de la nouvelle culture scientifique de l’Occident chrétien.
Au début du XVIIe siècle apparaît la biologie telle qu’elle existe aujourd’hui, bien qu’elle ne soit nommée ainsi qu’à la fin du XVIIIe par Lamarck.
La systématique – première classification du vivant – prend naissance avec la publication, en 1735, des « Systèmes naturels » de Carl von Linné (1707-1778). Le siècle des Lumières ouvre alors grand la voie au rationalisme.
À cette époque, la connaissance s’étend du proche au lointain avec les grandes expéditions qui ont jalonné le XVIIIe siècle : James Cook, Bougainville, La Pérouse, etc. Celles-ci furent marquantes d’un point de vue naturaliste, car elles embarquaient avec elles des scientifiques dans le dessein d’inventorier la diversité de la planète : Solander, Banks, Commerson, La Martinière, etc.
Von Humboldt fit un brillant inventaire terrestre en Amérique latine durant 4 années, pendant lesquelles il collecta de nombreux échantillons de plantes, témoignage de la richesse de la flore tropicale.
Darwin, au cours de son voyage sur le « Beagle » (1831-1836), posa le principe évolutionniste avec sa très célèbre théorie de la sélection naturelle et la publication de l’ouvrage « de l’origine des espèces » en 1859.
Les Museums du monde entier se consacrent alors davantage à constituer des collections pour étudier le monde du vivant.
À la fin du XIXe siècle, Mendel met en avant les lois de l’hérédité, lois qui propulsent la diversité à une échelle bien plus fine. La découverte, au milieu du XXe siècle de la double hélice de l’ADN, par Watson et Crick, ouvre la voie à de nouvelles classifications des espèces basées, non plus sur des critères morphologiques, mais sur des caractères génétiques.
1982 semble être une date-charnière vis-à-vis de notre conception de la diversité biologique, celle-ci se définissant jusqu’alors scientifiquement par le nombre d’espèces vivantes sur Terre.
Avant cette date, l’estimation communément admise était d’environ 2 millions d’espèces. L’un des évènements marquants fut l’accès à la faune d’une canopée forestière tropicale par Terry L. Erwin, à la suite de quoi le chiffre monta à 30, voire 50 millions d’espèces !
C’est dans les années qui suivirent que le besoin s’est fait sentir, dans le monde scientifique, d’avoir un mot pour désigner cette masse astronomique d’espèces vivantes : le National Research Council lance le terme de « biodiversity » en 1986, contraction de «biological diversity».
Depuis, l’étude de cette biodiversité, en complément d’un inventaire d’espèces présentes sur Terre, s’élargit à la dynamique du monde du vivant pour intégrer les 3 niveaux hiérarchiques de la diversité biologique : les gènes, les espèces et enfin les écosystèmes avec lesquels interagissent les sociétés humaines.

2. Une interface ancienne et extrêmement riche
À l’origine de notre espèce, lorsque la prédation sur le vivant permettait la survie du groupe humain, la cueillette, la chasse et la pêche ont joué un rôle majeur en assurant l'alimentation. Éventuellement sous une forme médico-magique, la pharmacie à partir des plantes a fait partie des techniques les plus anciennes. L'art, à cette époque – voir Altamira, en Espagne ou Lascaux, en France, par exemple – a surtout tiré parti de la diversité animale, les plantes étant peu considérées [Lieutaghi, 1991].
Entre 10.000 ans et 6.000 ans avant notre ère – lors de la « révolution néolithique » – l'interface s'est enrichie de plusieurs facettes essentielles ; l'agriculture et l'élevage, bientôt suivis de l'horticulture et de la foresterie : par la création d'innombrables variétés de plantes cultivées et d'animaux domestiques, l'homme est devenu, dans un certain sens, producteur de la diversité du vivant ; on verra plus loin qu'il en est aussi un redoutable destructeur.
La recherche scientifique consacrée à la diversité du vivant commence quelques siècles avant notre ère et n'a jamais cessé depuis. La création des grands muséums européens et l'activité de collection, remontent au XVIIIe siècle. La recherche officielle, financée par les Etats, se double d'un mouvement populaire de curiosité naturaliste.
Plus récemment, en parallèle avec la prise de conscience écologique des années 60, on a vu apparaître un réel besoin de nature qui trouve à se satisfaire, notamment par l'écotourisme ou les loisirs de pleine nature.
Dans le même temps, les technologies de pointe s'inspirent souvent de la diversité du vivant ; les solutions biologiques ayant été éprouvées par des millions d'années d'évolution, elles sont parvenues à un degré de raffinement structural que nos technologies sont encore tout à fait incapables d'atteindre [voir l'encart : LE CAHIER DES CHARGES].
Enfin, dans les années 90 – avec les biotechnologies – il apparaît que si les pays tropicaux détiennent la majeure partie de la diversité du vivant, le contexte socio-économique local ne leur permet pas de valoriser ces ressources. D'où une question nouvelle, très importante dans l'avenir : A qui appartient la diversité du vivant ? Est-ce au pays où elle se trouve à l'état naturel ? Est-ce aux entreprises industrielles possédant la technologie nécessaire pour la valoriser ? Entre les pays industrialisés et les pays tropicaux pauvres, un conflit se développe avec la prise de brevets sur le vivant. La conférence de Johannesburg (août 2002) aura abordé ce problème.

3. Menaces sur la diversité du vivant : le double héritage
« En détruisant le monde naturel, les hommes rendent aujourd’hui la Terre de moins en moins vivable. Défi majeur de ce début du XXIe siècle, le sommet de Johannesburg doit inverser la tendance pouvant inéluctablement conduire à la catastrophe écologique intégrale… Sinon, le genre humain lui-même sera menacé d’extinction ». (Ignacio Ramonet - Le Monde diplomatique – 22/08/02).
L'Occident chrétien a un double héritage qui, malgré son immense valeur dans d'autres domaines, est un double handicap lorsqu’il s'agit d'apprécier à sa juste valeur la diversité du vivant.
L'héritage gréco-latin nous enseigne que l'homme ne fait pas partie de la nature. Héritier de cette tradition, l'occidental ne se considère pas comme un élément de l'écosystème mais comme extérieur et supérieur à lui.
L'héritage judéo-chrétien 1 va dans le même sens ; il nous enseigne – même si cette interprétation est discutable – que l'homme a été créé à l'image de Dieu ; en conséquence, il est libre d'utiliser les autres êtres vivants comme il l'entend et même de les détruire (Genèse, chapitre I [Cobb, 1988]).
Le défi actuel est donc de débarrasser des aspects négatifs de ce double héritage, de redonner à l'homme sa double place, tant dans sa dimension « humanisée » que dans celle de « sa lignée animale », [sans craindre « les accusations de biologisme et les cris effarés des bigots de la sociologie : l'Homme qui parle devant l'Assemblée des Nations Unies et celui qui prie dans une église romane restent des Primates gouvernés par un encéphale et des hormones » - Langaney, 1988, p. 9].
L'Occident chrétien (Europe, USA), par ses activités techniques et économiques, fait peser de graves menaces sur la diversité du vivant. Du fait de cette suprématie Occidentale, celles-ci ont actuellement tendance à se mondialiser très vite.

LES ACTIVITES HUMAINES : Il ne s'agit ici, bien sûr, que des activités qui portent atteinte à la diversité du vivant.
  • Les menaces sur les océans, les forêts et les sols arables sont dues à l'intensification des techniques visant l'utilisation industrielle maximale des ressources non renouvelables. La déforestation conduit à l'érosion des sols, ce qui a pour effet d'augmenter la turbidité des eaux océaniques et cause la mort des récifs coralliens. Les deux sommets de la diversité du vivant – la forêt et le récif – sont ainsi menacés par une même activité humaine ; il s'y ajoute, bien sûr, les pollutions diverses.
  • La chasse, la déforestation, l'agriculture intensive et l'urbanisation, ont été chacune à leur tour, responsables de la disparition de très nombreuses espèces vivantes, depuis le début de l'époque historique [la liste reste à dresser].
Tout cela se traduit en un terme inquiétant, le développement non soutenable.
C'est aussi à des activités humaines incontrôlées (commerce, introductions volontaires ou involontaires, etc.) que se rattachent une longue série d'invasions biologiques : la perche du Nil, Caulerpa taxifolia, Eichhornia crassipes (la jacinthe d'eau), Miconia magnifica en Polynésie, Imperata cylindrica (Alang Alang d'Asie tropicale) ou encore la fourmi d'Argentine, toutes ces espèces envahissantes peuvent être des dangers pour la diversité.
Au même titre que ce « brassage planétaire », qui n’est pas forcément perçu par tous de façon négative [Gilles Clément – 2002], certains aspects de la mondialisation, par exemple l'anglais au détriment de multiples langues, peuvent aussi être compris comme une menace sur la diversité culturelle. Le racisme, l'autrisme – l'expression est de Langaney [Langaney, 1981] - doivent aussi être interprétés comme des sortes de rejets de la diversité humaine.

4. Des solutions existent-elles ?
La diversité du vivant est maintenant devenue un enjeu de niveau mondial et un vaste sujet d'inquiétude. La situation actuelle ne porte pas à l'optimisme, mais cela ne doit certainement pas nous amener à baisser les bras et ceci pour au moins deux raisons :
  • Tout est encore du domaine du possible ; à nous de faire un effort d'imagination et de volonté.
  • Un échec dans ce domaine, avec une extinction massive de la diversité actuelle, remettrait en cause la survie de notre propre espèce.
Le sentiment d'urgence doit subsister et progresser ; mais il devra aussi matérialiser un optimisme raisonné.
Le retour au développement « durable », discuté en 2002 à Johannesburg, est vraisemblablement une mesure positive. Mais l'ampleur de la transformation culturelle que cette mesure implique fait que cette idée même est pour beaucoup proche de l'utopie : il faudrait redonner à l'homme sa place dans l'écosystème, lui redonner la fierté de sa nature animale, dont l'éducation actuelle le détourne.
Il serait aussi – de façon urgente – nécessaire de recréer un sentiment populaire en faveur de la diversité du vivant sous toutes ses formes.
Une fois de plus, nous sommes en face de problèmes d'éducation.
La question de la diversité du vivant - abordée de façon globale et non plus simplement sous un aspect uniquement scientifique – risque donc de nous amener à des remises en causes extrêmement profondes.
Aujourd’hui, la stratégie politique mise en œuvre n’est certainement pas à la hauteur du besoin : « le développement durable ne fait que tempérer le développement par considération du contexte écologique, mais sans mettre en cause ses principes ».
« Ne faut-il pas nous défaire du terme de développement, même amendé ou amadoué en développement durable, soutenable ou humain ? » Edgar Morin [Morin, 2002]. Cette idée progresse : le développement ne serait qu'un dernier avatar du colonialisme ; il faudrait en finir avec le développement …

5. Un défi : surmonter nos propres contradictions
« Biodiversité » ou OMC, il faut choisir
Aujourd’hui, la mise en œuvre de solutions pour endiguer la perte de la biodiversité ne peut sortir du modèle de développement qui, à lui seul, crée la menace.
Un fossé important s’est donc creusé entre l’enjeu sociétal que sous-tend le terme biodiversité et les solutions que le citoyen peut directement s’approprier.
À l’heure actuelle, trois phénomènes — dépassant le pouvoir d’action du citoyen — semblent encore faire barrage à la mise en œuvre d’un développement durable, et par voie de conséquences, sont les principaux vecteurs de l’érosion de la biodiversité :
  • le modèle économique actuellement en vigueur est non seulement la cause d’une dégradation écologique de la planète, mais provoque également de graves répercussions sociales et culturelles ;
  • la croissance quantitative s’oppose à un partage équitable des ressources ; aucun consensus n’existe actuellement sur ce qu’est et doit être le progrès ou le développement.
  • la mondialisation, portée par le modèle économique dominant, creuse toujours davantage le fossé des inégalités et fait obstacle à une véritable solidarité internationale.
Cette prise de conscience – si elle était largement diffusée – pourrait montrer l’intérêt de préserver la diversité biologique, non simplement dans une vision utilitariste, mais pour inscrire ce concept dans un véritable choix de société. Il serait alors possible de nous sortir démocratiquement de la crise actuelle.
Les menaces qui pèsent sur la biodiversité étant la résultante de nos modes de développement occidentaux, les solutions dépendent finalement de nos comportements individuels et collectifs et de notre capacité à lutter contre la désinsertion sociale qui pèse lourd sur la démocratie représentative.

6. Dissensus ou consensus ?
Aujourd’hui, le débat sur la diversité du vivant n’est donc plus exclusivement scientifique ou politique et s’ouvre aux autres sphères de la société, pour le meilleur et pour le pire.
  • Face à cette problématique, le grand public est confronté à un problème d’échelle. Dans son environnement proche, celui-ci relie, de façon intuitive, la notion de biodiversité à une recherche d’un cadre de vie de qualité. Sous la pression médiatique, tout ce qui concerne la diversité du vivant est projeté dans un environnement lointain et se réduit trop souvent à une valeur patrimoniale autour d’une ou plusieurs « espèces-phare emblématiques » (baleines, panda, ours, etc.). Ce qui a pour conséquence de mettre en avant la dimension exotique de la biodiversité, en jouant sur la fascination.
  • Historiquement confrontés à un mode de développement non durable et soucieux de faire entendre leurs messages en faveur de la protection de la biodiversité, les écologues et les environnementalistes ont été paradoxalement les premiers à faire valoir des arguments économiques en posant la nature comme une valeur patrimoniale.
  • Or, en plaçant les ressources biologiques dans le contexte économique, notamment autour de la question de leur appropriation (biotechnologies, brevetage du vivant, etc.), le vivant est devenu objet de spéculations. Cette valeur patrimoniale, initialement posée pour des questions éthiques, a glissé sur le secteur marchand, source de nouveaux conflits d’intérêts.
  • Devant ces pressions multiples, ce concept devient naturellement un enjeu majeur pour les politiques, qui se doivent de satisfaire à des revendications trop souvent contradictoires.
Il reste qu’une vision moins « théologique » [dogmatique] de la biodiversité n’a pas encore été produite, loin s’en faut. À l’heure actuelle, on ne voit pas d’issue à ces difficultés liées à des points de vue radicalement opposés.
Si le concept de biodiversité n’a pas fini d’évoluer, force est de constater que sa valeur scientifique s’est trouvée quelque peu marginalisée ; les états ayant perdu le contrôle des discussions, ce sont actuellement les ONG conservationistes qui semblent être en mesure de mener le jeu. Les industriels, eux, ouvrent de nouveaux marchés, tandis que le citoyen subit les conséquences sociales et environnementales de la mondialisation.

CONCLUSION
À l’issue du sommet mondial de Johannesburg sur le développement durable, nous continuons de nous retrouver perpétuellement face à des questions qui concernent l’humanité toute entière : Comment préserver l’environnement ? Comment éradiquer la pauvreté ? Comment nous assurer d’un avenir viable à long terme, pour nous et le reste du vivant ?
Pour l’heure, la biodiversité est devenue l’un des enjeux de la mondialisation, mais aussi un révélateur de la crise entre institutions, sciences, acteurs économiques et sociétés.

Biodiversité, développement durable, même combat ?
Rio, en 1992, avait suscité un possible espoir de changements, mais surtout, a ouvert à une prise de conscience collective sur l’impérieuse nécessité d’un développement dit « durable ».
Des décisions importantes, à l’époque, avaient été prises. La Convention sur le changement climatique, celle sur la désertification, la convention sur la diversité biologique, les Agendas 21…
Si l’on se replace à la veille de ce nouveau sommet, quelles ont été les avancées notables ? Ce terme de développement durable, 10 années plus tard, semble certes mieux entré dans le langage courant. Mais qu’en est-il réellement aujourd’hui dans sa mise en œuvre ? D’aucuns qualifiaient déjà Johannesburg, avant son ouverture, de « Rio moins 10 ».
L’impression demeure effectivement, que les constats ont maintes fois été faits, que la problématique a été clairement posée, que les solutions ont été correctement esquissées… Et pourtant, la situation semble désespérément figée.
Devant cette actualité brûlante, le sujet biodiversité non seulement prend toute son importance, mais semble être une porte d’entrée bien appropriée pour aborder la question d’autres relations possibles avec notre environnement extérieur.
Non plus exclusivement dans une vision utilitariste, sous le signe de la prédation économique, mais également comme élément participant « utilement à la construction du sens », désormais tant recherché par nos sociétés occidentales.
Le tout dans une approche citoyenne et une dimension participative.
Or, du point de vue du public, le concept de « développement durable » commence effectivement à être largement diffusé, bien que sa définition ne soit pas perçue dans toute sa complexité, loin s’en faut.
Par contre, le terme « biodiversité » est peu, voire pas du tout connu du grand public, moins encore les problématiques qu’il sous-tend.
C’est un paradoxe, tant les enjeux autour de la biodiversité sont à corréler à un développement durable. En effet, le développement de toute société humaine est, ou devrait être, semble-t-il, interdépendant du reste du vivant.
La notion de durabilité passe avant tout par le respect de la différence, donc de la diversité ; que cette diversité soit biologique ou culturelle.
Ceci dénote la rupture de nos sociétés avec le monde [naturel] qui nous entoure et peut expliquer le désarroi ambiant qui règne.
Mais ce paradoxe – dès lors qu’il peut être correctement identifié – permettra potentiellement de suggérer au grand public des alternatives possibles aux problèmes sociaux, économiques et environnementaux… Et donc, par voie de conséquences, d’éliminer purement et « simplement » les causes de la perte de la diversité biologique.

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Article collectif – Aye-Aye environnement – Groupe de travail animé et coordonné par Philippe Macquet - Avec la contribution extérieure et très active de M. Francis Hallé.

Sujet Vautour Moine en Espagne



Un nid 5 étoiles grâce à la Fondation "Territori i Paisatge"…

Petite visite à la cime d'un arbre pour voir comment se construit un nid de Vautour Moine (Aegypius monachus).
C'est dans le contexte d'un projet de dossier thématique multimédias sur la situation des Vautours en France que nous sommes allés depuis quelques temps à la rencontre de structures qui travaillent à des projets de réintroductions : dans les Grands-Causses en Cévennes, dans le Verdon et les Baronnies, puis, au cours de l'été 2008, dans les Pyrénées.
…Et des Pyrénées français à la partie espagnole, il n'y a qu'un col, qui fut franchit avec enthousiasme pour aller rencontrer l'équipe du Projet "Vautour Moine" sur la Montagne d'Alinya, en Catalogne, porté par la Fondation "Territori i Paisatge".
Outre un accueil fort sympathique de cette petite équipe vraiment dynamique, leur travail est tout à fait intéressant.

Remerciements à Aleix Millet et Roger Sanmarti • Fondation Territori i Paisatge, pour leur accueil chaleureux lors de notre passage sur le site d'Alinya (une version en VO espagnol est également disponible).
Images tournées en septembre 2008 - Montage Paul Laurent-Vauclare / Interview Gwendolen Boekee - Philippe Macquet pour Aye-Aye environnement

Acherontia atropos


Plus belle que la mort…

En regardant cette jolie chenille, on s'imagine qu'elle va se métamorphoser en papillon aux couleurs éclatantes, à l'image de cette dernière. La réalité est toute autre. Son papillon est certes connu, mais non pour sa beauté.
Quelques indices : il possède un nom qui fait frissonner et il est la vedette animale du film « Le silence des agneaux ».
Réponse : il s’agit du Sphinx tête de mort (Acherontia atropos), papillon ocre et marron foncé au dessin thoracique inquiétant. Dans la mythologie grecque, Acherontia représente la rivière arrosant les enfers, et Atropos est le nom d'une Déesse décidant de la vie et de la mort. Voilà un bien mauvais présage pour un papillon parfaitement inoffensif !

Calumma gallus


Un caméléon qui a du nez !

Solitaire et discret, Calumma gallus est un caméléon originaire de Madagascar, que l’on trouve – si on a l’œil ! – dissimulé dans la végétation des forêts humides. C’est l’un des plus petits spécimens appartenant aux 2 Genres des « vrais caméléons » : Calumma et Furcifer. Le troisième Genre, Brookesia, est une espèce « naine » (3 à 11cm), terrestre et sans queue préhensile, ce qui la classe dans la catégorie des « faux caméléons ».

Caméléon ND


S’exprimer par la couleur : là, c'est le calme plat…

Reptile lent et inoffensif, le caméléon peut néanmoins compter sur sa capacité – légendaire – à changer de couleur pour se montrer, ou passer inaperçu et se rendre invisible auprès de ses éventuels prédateurs.
Mais les différentes teintes qu’il adopte lui servent également de signaux visuels pour communiquer avec ses congénères : la coloration varie en fonction du sexe, de la période de l’année (reproduction ou non), de la luminosité, de la température ainsi que de l’état psychique de l’animal (en cas de stress intense, il devient très foncé).
Les changements de couleur se font grâce à trois couches de chromatophores (cellules pigmentaires réfléchissant la lumière) situées dans le derme. On distingue quatre pigments : une mélanine noire, des lipochromes jaunes, une guanine blanche et un pigment rouge.
Les cellules superficielles contiennent des pigments rouges et jaunes, celles de la couche intermédiaire des pigments bleus et les cellules en profondeur des pigments noirs. Selon la position des pigments – concentrés dans une partie du chromatophore ou étalés dans toute la cellule – on obtient une coloration plus ou moins sombre. Ainsi, par ce procédé, ces animaux bénéficient d'un mimétisme qui leur permet de se confondre parfaitement avec le milieu ambiant.
C’est la raison pour laquelle l’identification de ce genre d’animal repose sur son anatomie (principalement de sa tête : crête, casque, rostre…) et non sur la couleur et les motifs de son corps, qui restent des critères beaucoup trop variables.

Caméléon ND


Tombera ou ne tombera pas ?

Parions sur "ne tombera pas". En effet, le caméléon possède – entre autres adaptations – un atout qui permet de plaider pour cette thèse : des pattes munies de deux séries de doigts collés et opposés lui permettant de saisir fermement la végétation, telle une pince à sucre, et lui assurant une prise sûre. On appelle cette faculté la "zygodactylie". Ce n'est pas le seul exemple dans le règne du vivant, car les Pics, notamment, ont également les doigts opposés deux à deux.
Mais nos amis Caméléons ont un avantage de plus, ils peuvent également compter sur leur queue préhensile comme 5ème membre, pour s'accrocher aux branches.

Caméléon ND


Les trésors de la Grande Île…

Les caméléons malgaches (environ 70 espèces endémiques de l’île) sont séparés en trois Genres :
  • Calumma : qui sont très dépendants de leur biotope et vivent principalement dans les forêts humides de l’Est de l'île ;
  • Furcifer : qui sont répandus sur l’ensemble de l’île, avec une affection particulière pour les forêts sèches ou les milieux secondarisés ;
  • Brookesia : qui, par leur taille et leur aspect, sont beaucoup plus difficiles à trouver. Ils vivent principalement au sol, dans les litières des forêts tropophiles - tropicales et subtropicales sèches.

Uroplatus sikorae


Un camouflage hors pair…

La Nature est véritablement stupéfiante ! Et cette photo nous le prouve une fois de plus. Cet étrange animal, de la famille des Geckos, imite à la perfection l'écorce d'un arbre recouverte par du lichen. Uroplatus sikorae est nocturne et passe la journée immobile sur un arbre, dissimulé aux yeux des prédateurs par son surprenant camouflage.
Ne descendant que très rarement au sol, cette espèce est extrêmement difficile à distinguer de l'écorce sur laquelle elle se plaque pour se confondre. Ce Gecko-mousse est – comme toutes les espèces du Genre Uroplatus – endémique de Madagascar (c’est-à-dire qu'on ne le trouve nul part ailleurs que sur la Grande Île).








Si vous êtes joueur, essayez donc de le trouver sur la photo…

Alectoris rufa


Ne s'enfuit pas à tire-d'aile…

La Perdrix rouge (Alectoris rufa) est un oiseau de la Famille des Phasianidés, qui regroupe les Cailles, Faisans et autres Perdrix. Ce sont des Gallinacés (comme nos poules) qui ont une nette préférence pour les milieux ouverts proches de zones boisées. En cas de danger et bien que disposant d'ailes robustes cet oiseau préfère généralement s'enfuir en courant rapidement. Elle ne s'envolera que lorsque ce sera réellement nécessaire avec un vol au raz du sol et de rapides coups d'ailes.
L'alimentation des adultes est composée principalement de végétaux (herbes, graines, bourgeons, fleurs) tandis que les insectes (pucerons, fourmis, araignées, coléoptères) sont recherchés en été et constituent la nourriture de base des poussins.

Tachybaptus ruficollis


Non assistance à Grèbe en danger…

Ce canard Colvert (Anas platyrhynchos) semble occuper son temps d'une assez drôle façon : il ne regarde pas passer les trains, mais paraît bien apprécier le passage quelque peu précipité de ce Grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis) ; celui-ci, en effet, a l'air bien pressé de traverser une zone à découvert pour aller s'abriter des regards étrangers.
Car cette espèce est plutôt farouche et préfère bien souvent rester assez longtemps caché plutôt que de rester trop longtemps à découvert…
De loin, il pourrait être pris pour un caneton tellement sa taille est modeste, comparé aux autres Grèbes. Mais en prêtant un minimum d'attention, certains critères en période nuptiale permettent d'éviter toute confusion :
  • il est trapu et sa tête est ronde ;
  • son bec est mince ;
  • et surtout, une marque blanche à la commissure des lèvres (bien visible sur la photo) est caractéristique.

Regulus regulus


Le saviez-vous ?

Ce Roitelet huppé (Regulus regulus) est l'un des plus petits oiseaux d'Europe : une taille de 9 cm pour un poids de 5 à 7 grammes ; il partage cette particularité avec son proche cousin le Roitelet triple bandeau (Regulus ignicapillus) qui a les mêmes mensurations.
Bien sûr, rien à voir avec "le plus petit oiseau au monde" classé dans les Colibris : le mâle de Colibri abeille - Mellisuga helenae – fait presque la moitié en taille, tandis que la femelle, pour sa part, mesure moins de 2 cm et reste en deçà des 2 grammes.
A côté, nos deux Roitelets pourraient faire office de "géants" !

Ardea alba


Un échassier d'un blanc immaculé…

Ce héron – nommé Grande Aigrette (Ardea alba) – est le plus grand d'Europe : une envergure qui s'approche de 1,5 m le fait soudain apparaître au-dessus de nous avec une grâce et une élégance remarquable. D'autant que ce n'est pas si commun de l'observer en Ile-de-France, sauf en période de passage migratoire où cet oiseau peut stationner quelque temps sur des lieux favorables – tels les Étangs de Saint-Hubert – avant de rejoindre ses terres de prédilection soit pour se reproduire, soit pour retrouver celles qui lui serviront de lieu d'hivernage (dans les régions méditerranéennes ou bien en Afrique).
En attendant, profitons du fait de son passage et régalons-nous un instant du spectacle que nous offre ce bel oiseau.

Branta canadensis


Un menu exclusivement végétarien…

Souvent peu craintives, ces Oies appelées Bernache du Canada (Branta canadensis) se laissent relativement facilement observer. Leur régime alimentaire est exclusivement végétarien et leurs besoins sont satisfait soit directement dans l'eau soit sur la terre ferme. On peut ainsi l'apercevoir se nourrir de plantes aquatiques, ou "brouter" – souvent en troupes assez nombreuses – dans les champs à la recherche d'herbes et de graines diverses et vériées.
Il n'est pas rare de la trouver dans certains milieux urbains où elle peut parfois représenter une nuisance.

Branta canadensis


1 + 1 + 1 +… = des populations en augmentation !

Les Bernaches du Canada (Branta canadensis) sont originaires d'Amérique du Nord. En expansion dans nos contrées (par suite d'introductions anciennes), cette espèce dite "allochtone" (littéralement "terre d'ailleurs") vient désormais se reproduire régulièrement sous nos latitudes. Les couples nicheurs qui se trouvent en France sont localisés dans sa partie Nord et sont sédentaires, à contrario des espèces plus nordiques qui elles, restent migratrices.
Cette oie (la plus grosse de toutes) niche au sol, toujours près de l'eau. La couvée (une par an) comprend normalement entre 5 et 7 œufs qui sont incubés entre 25 et 28 jours par la femelle, tandis que le mâle s'occupe, pour sa part, de protéger le territoire des éventuels intrus.
Une fois les petits nés, la petite famille quitte le nid pour aller s'alimenter soit proche de la zone de naissance, soit dans des prés (en parcourant parfois plusieurs kilomètres pedibus jambus) pour trouver ici des graminées et là des carex. Ce n'est qu'au bout de 6 à 9 semaines que les jeunes seront prêts à se tester à leur premier vol. Ils resteront alors avec les parents jusqu'à la prochaine saison de reproduction.

Ardea cinerea


Une belle perspective pour cet oiseau…

Le Héron cendré (Ardea cinerea) est un oiseau qui révèle tout à la fois une grâce au vol et en même temps quelque chose d'assez dégingandé qui est quelque peu – pourrait-on dire – sa "marque de fabrique".
Sa grande taille (presque 1 m de haut pour une envergure de 1,5 à 1,75 m), son cou démesuré qui se termine par un bec en forme de poignard effilé et ses longue pattes montre une parfaite adaptation à son milieu de vie (zones humides) et à son régime alimentaire : les poissons petits et gros…
Il n'y a pas si longtemps, cet oiseau était systématiquement détruit car aux dires des pècheurs, il venait directement concurrencer ces derniers avec une efficacité assez redoutable… Face aux destrictions par trop systématiques, il a trouvé protection auprès des autorités et fait partie des espèces protégées. C'est donc de nouveau un oiseau des plus communs et les perspectives de cette espèces ne sont plus aussi critiques qu'elles ne furent à une période pas si lointaine.

Branta canadensis


Une espèce en expansion…

La Bernache du Canada (Branta canadensis), comme son nom l'indique, est une oie originaire d'Amérique du Nord. Elle fut introduite en Europe à titre esthétique ou à des fin cynégétiques. C'est un oiseau qui commence à être assez commun dans nos Régions (particulièrement localisée dans le Nord de la France). Les Etangs de Saint-Hubert ne dérogent pas à la règle et l'espèce y est désormais régulièrement observée (ou entendue car c'est une espèce relativement bruyante !).

Falco subbuteo


Un chasseur de haut vol…

Lorsque l'on parle de Faucon capable de fondre en vol sur sa proie à une vitesse fulgurante, la première image qui nous vient est le Faucon Pélerin (Falco peregrinus). Ce n'est bien sûr pas inexact, mais c'est oublier que le Faucon hobereau (Falco subbuteo) dispose d'à peu près les mêmes facultés que son proche "cousin".
D'apparence, il ressemble plus au Faucon crécerelle (Falco tinnunculus) : taille assez similaire, mais apparence en vol un peu plus "musculeuse" avec une forme plus élancée. En fait, avec ses ailes en faux, il ressemble à un grand Martinet (Apus sp).
C'est une adaptation qui lui permet de pratiquer la chasse-poursuite rapide et de capturer des oiseaux au vol. Au besoin, il est capable également de se nourrir de Libellules en les attrapant également en l'air. Son habitat et terrain de chasse favoris se constituent de préférence dans des zones humides, avec des alternances de milieux ouverts et de zones de lisières forestières.

Pandion haliaetus


Saint-Hubert : un lieu rudement intéressant…

Ces Étangs localisés dans les Yvelines (78) sont vraiment riches au niveau ornithologique. Ceci est non seulement vrai pour un certain nombre d'espèces fort discrètes, comme le Blongios nain (Ixobrychus minutus) qui se reproduit sur le site mais également d'une multitude d'autres hôtes des lieux, dont un rapace de passage deux fois par an, en automne et au printemps : le Balbuzard pécheur (Pandion haliaetus).
Et lorsque l'on a la chance de le voir apparaître dans le ciel, en règle générale, le spectacle mérite le détour. Il se met en position du "Saint-Esprit" (c'est-à-dire en vol stationnaire) au-dessus de l'eau à une trentaine ou une quarantaine de mètres, puis d'un coup plonge la quasi-totalité de son corps dans l'eau… Et ce n'est pas uniquement pour se rafraîchir !
On peut même affirmer qu'il est particulièrement agile pour capturer sa pitance de cette manière car notre oiseau est exclusivement piscivore (il se nourrit de poissons) et, à en croire cette photo, sa technique est bien au point.

Ardea cinerea


Zone interdite…

Ce héron cendré (Ardea cinerea) ne semble pas être le bienvenu dans cette zone où se trouvent des Mouettes rieuses (Larus ridibundus). Celles-ci ne manquent pas une occasion de harceler – seule ou à plusieurs – tout individu qui aurait l'audace de se risquer à une intrusion dans un périmètre qui semble réservé et, de ce fait, défendu avec ardeur.
Ne serions-nous pas spectateur d'une lutte territoriale ? Ce qui semble très probable si l'on se rend compte que ce début de printemps est la période à laquelle les oiseaux sont en pleine période de reproduction.