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mardi 5 mai 2009

Agir pour l'environnement Malgache

Menaces sur les tortues malgaches

Autrefois, sur l’île, vivaient 6 espèces de tortues terrestres et 1 d’eau douce, endémiques de Madagascar.
L’exploitation des populations chéloniennes et la destruction de leurs biotopes(*), dès le début de l’implantation humaine, ont déjà conduit à l’extinction des deux formes terrestres géantes : Dipsochelys abrupta et Dipsochelys grandidieri.
De plus, 3 tortues d’eau douce, ainsi qu’une espèce terrestre ont été introduites par les immigrants africains. Elles ont pu, localement, se développer au détriment des espèces indigènes. Actuellement 5 espèces endémiques(*) survivent, mais leur avenir, à court ou moyen terme, est préoccupant ; 3 espèces sont considérées par l’IUCN (*) comme étant directement menacées d’extinction. Il s’agit de :
  • Astrochelys yniphora - la tortue terrestre à soc. Elle est considérée comme la plus rare au monde et on compterait moins de 500 individus dans son milieu naturel, situé sur la côte nord-ouest dans la baie de Baly.
  • Pyxis planicauda - La tortue terrestre à queue plate rencontrée à l’Ouest dans la région de Morondave, fragile en raison de sa dépendance à un biotope* spécifique.
  • Erymnochelys madagascariensis - la Podocmémide d’eau douce répartie sur un large territoire à l’Ouest.
Deux autres espèces terrestres de l’extrême sud sont, pour l’instant, seulement classées comme “vulnérables”. Mais, chaque année, leur population décline de façon alarmante.
La forte croissance démographique combinée à un faible développement économique contraint les habitants, pour satisfaire leurs besoins alimentaires et financiers, d’exercer une pression destructrice sur le milieu naturel. Ainsi certaines tortues, en dépit des lois de protection en vigueur, voient leur espace vital rétrécir ou se dégrader. Brûlis, appauvrissement des sols, puis abandon avant d’exploiter une autre forêt, le scénario se répète inlassablement… Inondation pour la riziculture – comme dans la basse vallée du fleuve Morondave où vivait la tortue à queue plate – ou bien augmentation des aires de pâturage pour les troupeaux, feux de brousse réguliers pour stimuler la repousse herbacée ou exploitation de la forêt sèche pour la fabrication du charbon de bois (première source d’énergie du pays)… La pression anthropique est un facteur de déséquilibres importants pour les milieux naturels et donc, une menace pour de nombreuses espèces.
Mais, en plus de la disparition ou la fragmentations de leurs biotopes*, les tortues doivent aussi subir les prélèvements. Et ce, malgré les «fady»(*) (tabous traditionnels sur les tortues terrestres respectés par les ethnies originelles), interdisant soit d’en manger soit d’y toucher. Les ethnies voisines ou nouvellement implantées les consomment ou les recherchent comme animal «domestique», par croyance, leur attribuant un pouvoir de protection contre certaines maladies ou contre la sorcellerie.
Au 17 et 18ème siècles, la tortue à soc, utilisée comme stock alimentaire était embarquée par les navigateurs qui passaient dans cette partie de l’océan Indien. Des Arabes venaient des Comores pour la chasser avec des chiens. Cette situation a conduit l’espèce au bord de l’extinction. Elle bénéficie actuellement d’un élevage pour son étude et sa réintroduction ainsi que d’une réserve spéciale(*). De même, un programme de conservation est en cours pour la tortue podocmémide.
Par contre, la situation est très inquiétante pour les deux représentantes du grand sud, les tortues radiées et les tortues-araignées, du fait qu’elles ne bénéficient, actuellement, d’aucun programme de sauvegarde, alors que les effectifs ne cessent de régresser. Le Genre Pixis a, de surcroît, un taux de fécondité extrêmement faible. Ces deux espèces restent victimes du braconnage qui alimente un juteux trafic international ou qui sert au commerce local, bien qu’elles soient officiellement protégées.
Les données biologiques et les études sociales faisant cruellement défaut, il est difficile de proposer de façon réaliste et efficiente, des solutions de conservation appropriées, permettant à la fois d’intégrer les intérêts des populations et de préserver les espèces ainsi que les milieux naturels.
Le programme SOKAKE a pour objectif d’apporter, de ce point de vue, les moyens de réponses satisfaisantes. •



Reproduction de l'article de Fabrice Ringot - paru dans Novae-Environnement - septembre 2001

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