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mardi 5 mai 2009

Dossier Madagascar - 11

L’Évolution, une contrainte (!) ?
«…Lorsque l’homme a mis le pied pour la première fois sur la Grande Île, pas moins de 50 espèces de lémuriens peuplaient Madagascar. Certains rivalisaient de taille avec les gros mâles de Gorilles ou d’Orang-Outans…».
Pas une des 33 espèces de lémuriens qui ont survécu aujourd’hui, ne dépasse la taille du plus petit de ceux qui ont disparu au cours du dernier millénaire à cause de l’Homme. Au côté de ces lémuriens géants – tel Megaladapis, lémur géant à fascié de vache – vivait une “mégafaune” tout aussi formidable. Il y avait des tortues géantes, des rapaces gigantesques… Des oiseaux, plus grands que n’importe quelle autre espèce connue – vivante ou éteinte – qui se nommaient “oiseaux éléphant”. Les œufs de ces titans aptères, donc incapables de voler, pouvaient contenirl’équivalent de 180 œufs de nos poules. Il n’y avait ni chat, ni chien, seulement quelques carnivores primitifs (mangoustes…), certains pouvant dépasser les 10 kg. A leurs côtés évoluaient des hippopotames “nains”, ainsi que des pseudo Oryctéropes – sorte de grand “lapin” dépourvus de poils, ayant un long museau et une longue queue.
C’est au cours de cette période, coïncidant précisément avec l’arrivée des premiers hommes à Madagascar, que toutes ces grandes espèces, uniques à l’île, ont disparu.

De l’arrivée de l’homme à nos jours
Il est communément admis qu’au moment où les premiers pionniers posèrent le pied sur la Grande Île, la majeure partie du territoire (près de 80 % de la superficie totale) était constituée de forêt. Madagascar était bien l’île verte que nous relatent les grands explorateurs du XVIIIème siècle: Eden aux innombrables formes de vies, trésors vivants d’un monde resté à part.
Le peuplement initial de l’île – phase qualifiée de “pionnière” – est déjà cause de perturbations ; mais celles-ci sont encore relativement modestes par rapport à l’immensité du territoire.
Comme tout arrivant qui débarque sur une terra incognita, vierge de toute présence humaine, les découvreurs et colonisateurs de Madagascar se sont d’abord installés sur les zones littorales.
La phase secondaire est plus problématique: les besoins en ressources augmentant, il va s’ensuivre une diversification de l’utilisation des milieux: les populations vont migrer à l’intérieur des terres et seront contraintes de se “spécialiser”. Certains vont devenir forestiers et utiliser l’énorme potentiel de biodiversité(*) lié à ce milieu ; d’autres sauront extraire de la terre leur moyen de subsistance en devenant cultivateurs ; les populations les mieux implantées sur le littoral resteront dépendantes des ressources halieutiques, etc.
Un équilibre naturel reste cependant encore possible. Mais au fur et à mesure que les ethnies vont se sédentariser, les territoires vont se modeler, s’agrandir, se perdre… Tel groupe va dominer un espace, les royaumes vont se constituer et les populations s’efforcer de coloniser le maximum d’espace pour tenter de régner sur leurs voisins.
Là où, initialement, les richesses naturelles devaient être ponctionnées “raisonnablement”, l’émergence des voies de navigation pour le commerce de l’ancien monde vont étendre l’exploitation du milieu. Madagascar deviendra l’objet de nombreuses convoitises. Au XIIème siècle, les Arabes connaissaient déjà la Grande Île.Ils y fondèrent des comptoirs, bien avant que les navigateurs portugais ne “découvrent” à leur tour, toutes ces richesses.
Bientôt, l’équilibre va se trouver perturbé. Plusieurs causes interviennent, dont deux principales: l’augmentation de la population qui est à corréler avec l’accroissement de ses besoins: commerciaux, mais surtout vitaux.
Les ressources naturelles – alors perçues comme inépuisables – peuvent s’amoindrir en raison d’un impact humain excessif. Les techniques de cultures se perfectionnant, la pression sur l’environnement augmente nécessairement: la hache, (ou “famaky”), ainsi que “l’angady”, sorte de bêche symbolisant l’alliance avec la terre, ont fait leur apparition depuis longtemps. Ces techniques simples, voire primitives, sont encore aujourd’hui, pour de nombreux Malgaches, l’unique moyen de survie, mais se révèlent terriblement efficaces.
Les rizières inondables, pour leur part, ont rendu plus performante la production vivrière, au même titre que la culture sur brûlis a permis l’augmentation des surfaces cultivables. De fait, à Madagascar, le principal agent de menaces qui pèsent sur l’environnement est sans aucun doute le feu. Les conditions de vie précaires obligent à grignoter chaque parcelle de forêt, afin de l’exploiter.


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Reproduction du dossier paru dans Novae-Environnement - septembre 2001

Dossier réalisé collégialement par : Soline Astier • Guillaume Bry •
Maël Dewynter • Philippe Macquet
Avec la collaboration de : Jean-Jacques Delavaux • Julia Émond • Yves-Marie Gardette • Barbara Guittard • Érik Gonthier • Jean-Noël Labat • Jean-Claude Rabeherifara•
Olivia Randrianasolo • Marguerite Razarihelisoa

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