Découvrez un "Site d'Intérêt Ecologique" en images

mardi 5 mai 2009

Dossier Madagascar - 5

L’hypothèse du radeau flottant
L’examen de la croûte terrestre et des sédiments marins, le long d’une ligne de faille qui part de la côte somalienne à travers le Canal du Mozambique (connue sous le nom de “zone de fracture de Davie”), suggère que cette partie du canal a dû être à sec (ou constituée de “ponts-d’îlots” entrecoupés d’eau) il y a environ45 millions d’années. Une explication plausible semble donc indiquer que les premiers mammifères malgaches ont pu coloniser la Grande Île, bien avant l’apparition, ailleurs, de mammifères plus évolués. Entre-temps, cet isthme aurait été submergé, isolant définitivement les premiers “réfugiés” et interdisant l’accès à de futurs arrivants.
Pour autant, il reste une objection principale à cette théorie. La fin du règne des dinosaures a effectivement permis l’émergence de la dynastie des mammifères. Au début de l’Éocène, il y a54 millions d’années, ce groupe composé de petites créatures assez insignifiantes a pu se diversifier très rapidement. Le Continent Africain a été indubitablement au cœur de cette radiation massive. Pourquoi, alors, les autres mammifères (grands carnivores et ongulés, par exemple), dans ce laps de temps, ne sont-ils pas parvenus à atteindre l’île de Madagascar, s’il existait réellement une possibilité de franchissement entre l’Afrique et Madagascar pour des prosimiens primitifs ?
Une seconde théorie peut apporter une solution plus satisfaisante. Il est en effet hautement probable que de petits groupes d’animaux aient pu atteindre l’île en traversant le Canal du Mozambique, non pas à pieds secs, mais plutôt à la dérive, flottant au gré des courants marins. Dans ce cas, seuls de petits mammifères ont pu se trouver ainsi embarqués sur des radeaux de végétation et survivre à un tel périple. De fait, les probabilités augmentent dès lors qu’il s’agit de petits animaux ayant la capacité d’entrer dans de longues phases léthargiques. Dans ce contexte, ils ont effectivement pu franchir avec succès la distance qui séparait déjà à l’époque l’Afrique de Madagascar.
C’est ainsi que ces “espèces pionnières” – probablement malgré elles – sont parvenues à réussir cette colonisation hasardeuse.
Il est effectivement connu que certains petits mammifères malgaches présentent cette aptitude à réduire leur métabolisme et à entrer en longues phases d’activités réduites ou en totale “hibernation”. Cela leur permettant de résister aux périodes de disette, par exemple, liées à la sécheresse ou à des conditions difficiles. Cette adaptation a notamment été démontrée chez les Cheirogaleïdés, qui ont peu évolué et sont probablement très similaires aux premiers prosimiens qui ont peuplé Madagascar.
Le Cheirogal moyen – Cheïrogaleus medius – petit lémurien du Sud-Ouest de Madagascar, est l’une de ces espèces capables d’accumuler – au cours de la saison des pluies – suffisamment de réserve de graisse dans sa queue, pour pouvoir entrer en léthargie plus ou moins complète pendant la saison sèche (qui dure près de 7 mois). Il se réfugie pour cela, seul ou en petit groupe, dans un tronc d’arbre creux, d’avril à septembre.
Il en est de même pour les tenrecs (famille des Tenrécidés qui ont, semble-t-il, également très peu évolué depuis l’arrivée de leurs ancêtres sur l’île) ou pour quelques carnivores proches des actuelles civettes (famille des Vivéridés).
En ce qui concerne les chauves-souris, elles ont pu initialement atteindre l’île par la voie des airs. C’est ce qui explique un “relatif” faible taux d’endémisme – de l’ordre de 50 % au niveau spécifique – si l’on compare celui-ci aux autres mammifères représentés, proches des 100 % –.



Navigation dans le sommaire :



Reproduction du dossier paru dans Novae-Environnement - septembre 2001

Dossier réalisé collégialement par : Soline Astier • Guillaume Bry •
Maël Dewynter • Philippe Macquet
Avec la collaboration de : Jean-Jacques Delavaux • Julia Émond • Yves-Marie Gardette • Barbara Guittard • Érik Gonthier • Jean-Noël Labat • Jean-Claude Rabeherifara•
Olivia Randrianasolo • Marguerite Razarihelisoa

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire