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mardi 5 mai 2009

Dossier Madagascar - 12

Quel avenir pour Madagascar ?
Traditionnellement source d’appropriation de nouveaux territoires, la pratique du “tavy”(*) (cf. encadré ci-dessous), ancrée dans une culture millénaire, provoque aujourd’hui des dégâts considérables sur l’environnement.
On estime en effet, que ce sont 200 à 300.000 hectares de forêts qui disparaissent chaque année, des causes directes de la déforestation. Les scientifiques pensent que c’est plus de 80 % de la surface de forêt originelle malgache qui a disparu depuis l’arrivée de l’homme sur l’île (il y a environ 2.000 ans) jusqu’à nos jours. Pour comparaison, c’est pratiquement l’équivalent de la superficie de la France entière.
Mais, le plus grave, c’est le rythme de cette déforestation qui semble s’accélérer de façon alarmante depuis plusieurs décennies: la forêt primaire (c’est à dire non modifiée par l’homme), était estimée en 1950 à 15 millions d’hectares. Elle se trouvait réduite à 10 millions seulement dans les années 1990: c’est l’équivalent de 1/6è du couvert forestier originel qui a disparu en moins de 50 ans (soit la surface de l’Île de France chaque année!!!). Tous ces chiffres sont le révélateur du malaise qui frappe aujourd’hui l’île entière. La spirale infernale de pauvreté de laquelle Madagascar ne semble pouvoir se soustraire est à l’origine de ce désastre écologique. Aussi, il faut bien comprendre que le “tavy*” reste le moyen quasi-unique de survie pour une grande partie des malgaches, qui n’ont aucune autre alternative pour assurer leur simple subsistance. De plus, les paysans – comme l’explique parfaitement Jean-Claude Rabeherifara (voir rubrique Acteur de l’environnement, page 5) – ne peuvent être montrés du doigt, dès lors que le contexte politique et économique de l’île n’est pas favorable pour aborder un développement basé sur des notions de préservation de l’environnement. Madagascar, de ce point de vue, n’est pas en marge de l’ensemble des pays en développement. En revanche, l’extraordinaire potentiel naturel de l’Île la met au rang de “première priorité mondiale en matière de conservation de la nature”.

L’écotourisme, une manne ?
Le monde assiste, impuissant, au massacre de milliers d’espèces qui disparaissent avec la forêt. Dès 1927, pourtant, un réseau d’aires protégées a été constitué, afin de tenter d’inverser la courbe de la destruction. Mais ces réserves(*) ne sont qu’un moyen de mettre la nature sous cloche, si les populations riveraines ne peuvent en tirer des bénéfices directs. Leur nouvelle vocation doit favoriser l’essor touristique de l’île, sachant que Madagascar dispose pour cela de très nombreux atouts.
Tourisme oui, mais, comme la langue d’Ésope, il peut être la meilleure ou la pire des solutions. Selon la manière dont on en use: défiguration des sites, accaparement des retombées économiques par une minorité, au détriment des populations locales, voire d’autres excès (pouvant déboucher sur un tourisme sexuel, par exemple), dont sont souvent victimes les pays en développement.
C’est donc un tourisme respectueux de la culture, du milieu naturel et surtout, qui sache prendre en compte les intérêts et besoins des malgaches qu’il faut promouvoir: il existe déjà ailleurs, c’est le tourisme intégré (ou écotourisme). Au service de la conservation et du développement, l’un des axes de ce mode de tourisme doit s’assurer de la participation des populations locales. Ainsi, un plan de 1995, prévoyait que les retombées économiques de ce secteur devaient d’abord toucher les riverains des réserves naturelles*. En contrepartie, ces derniers devenaient des partenaires de la conservation: 50 % des droits d’entrées devaient leur être attribués, afin de permettre le développement de micro-projets dont l’initiative reviendrait aux populations.
Pour faire en sorte que les atouts naturels dont dispose Madagascar servent enfin aux Malgaches, et que le tourisme leur apporte une possibilité réelle de se bâtir un avenir meilleur. •


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Reproduction du dossier paru dans Novae-Environnement - septembre 2001

Dossier réalisé collégialement par : Soline Astier • Guillaume Bry •
Maël Dewynter • Philippe Macquet
Avec la collaboration de : Jean-Jacques Delavaux • Julia Émond • Yves-Marie Gardette • Barbara Guittard • Érik Gonthier • Jean-Noël Labat • Jean-Claude Rabeherifara•
Olivia Randrianasolo • Marguerite Razarihelisoa

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